de Vieri Adriani
Vieri Adriani est avocat avec une préparation spécifique en droit pénal international. Langues parlées : anglais et français
Le phénomène des fausses confessions est une constante de tout système judiciaire. Apparemment, il n’y a aucun sens à ce qu’une personne s’accuse d’un crime qu’elle n’a jamais commis. En réalité, pas plus que le cas de celui qui fait un geste anti-conservateur. En outre, l’éventualité est loin d’être irrésistible, même sur le plan normatif, étant donné que notre système juridique prévoit et punit l’art. 369 c.p.p. le délit d’autocalunnie , c’est-à-dire la conduite de celui qui “s’accuse d’un délit qu’il sait n’avoir pas eu lieu, ou d’un délit commis par d’autres”. Il est évident que cette conduite constitue un obstacle au bon fonctionnement du contrôle judiciaire.
L’histoire judiciaire comprend les cas de personnes innocentes qui ont admis des responsabilités pénales inexistantes.
Un exemple récent est celui de Peter Sullivan (source :https://www.ilsole24ore.com/art/si-erano-sbagliati-assolto-38-anni-carcere-omicidio-AHXWgfk), qui, condamné en 1986 pour le meurtre d’une jeune barista -battue, violée et assassinée- a été acquitté cette année, après 38 ans de prison. La Cour d’appel de Londres a reconnu l’erreur judiciaire, soulignant la fragilité intellectuelle et la suggestibilité de l’accusé, comme l’a relevé le psychologue Harry Wood. Dans son cas, le test de l’ADN est décisif : les examens effectués sur un échantillon de sperme conservé sur la scène du crime ont mis en évidence la présence d’un profil génétique incompatible avec celui de Sullivan et pouvant être associé à un agresseur non identifié.
Le cas rappelle celui de Richard Buckland, qui a faussement avoué un meurtre, sauf ensuite être innocenté grâce à l’intervention décisive du généticien Alec Jeffreys et la preuve de l’ADN qui a coincé le vrai coupable, Colin Pitchfork. Cet événement historique a été raconté dans le livre ‘Blood Print’ de Joseph Wambaugh.
Encore:selon le psychologue Saul Kassim (source : https://culturacientifica.com/2019/07/08/por-que-a-veces-confesamos-cosas-que-en-realidad-nunca-hicimos) Une condamnation sur quatre annulée à la suite d’un test ADN concerne des personnes innocentes qui se sont rendues coupables d’une infraction commise par autrui.
Il est donc fondamental de comprendre que la confession, traditionnellement appelée “la reine des preuves”, peut être déterminée par des facteurs psychologiques et/ou des capacités psychiques diminuées qui en minent la fiabilité.
En Italie, beaucoup considèrent emblématique le cas de Stefano Mele, qui en 1968 a avoué avoir tué matériellement sa femme, Barbara Locci, qui – beaucoup plus vraisemblablement – fut victime, avec son amant, Antonio Lo Bianco, d’une main meurtrière restée inconnue (et probablement plus d’une). La même qui, par la suite, s’est rendue responsable de sept autres doubles meurtres, commis de 1974 à 1985 et attribués au c.d. au Monstre de Florence. C’est ainsi que l’on avance, en supposant que l’arme est toujours restée la même, comme le montrent les jugements officiels.
Dans le cas du Monstre de Foligno, Stefano Spilotros s’est rendu, a été cru et même arrêté, pour deux meurtres commis par Luigi Chiatti.
Plus récemment, le cas de Michele Misseri, oncle de Sarah Scazzi, âgée de 15 ans, tuée le 26 août 2010 à Avetrana dans la province de Tarente, est apparu dans les journaux officiels. Pour ce fait, en 2017, la Cour de cassation a définitivement condamné à perpétuité Sabrina Misseri et Cosima Serrano, respectivement cousine et tante de Sarah, pour complicité d’homicide volontaire aggravé par préméditation. Michele Misseri a été condamné à 8 ans de prison pour suppression de cadavre, bien qu’il ait avoué à l’époque, et continue encore aujourd’hui, d’avoir tué Sarah après une tentative d’agression sexuelle dans le garage de la maison. Misseri, d’abord il s’était accusé lui-même, puis il avait impliqué sa fille Sabrina, enfin il s’était rétracté en revenant à se présenter comme le seul coupable. Précisément le changement continu de ses versions, a altéré sa fiabilité, au point d’exclure officiellement tout fondement.
En conclusion, la confession pose le problème du contexte dans lequel elle est recueillie et devrait, là où elle est auto-référente, être toujours prudemment vérifiée par d’autres éléments de preuve.
Florence, 16 mai 2025
Vieri Adriani
La fausse auto-accusation
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